Soldat, corbeau, qui êtes vous donc?
Pourquoi?
Ce que chanta le corbeau au soldat égaré dans le marécage :
« Le corbeau dit-il est un animal particulier. Sans me vanter je suis aussi intelligent que toi. Non, je ne me vante pas. Mais je te parle et c'est l'important toi qui ne sais pas si la gangrène va le tuer ou bien une noyade
dans un trou d'eau. A moins que tes forces déclinantes ne permettent à un certain corbeau de manger tes yeux et que tu meures de l'hémorragie qui s'en suit. Oh oui, je ne suis pas meilleur que toi. Je me nourris de la chair des morts ou des mourants -ils ont quelque chose de plus frais, de celle de mes semblables même si c'est nécessaire. Je n'en conçois aucune honte, il s'agit de ma survie. Je ne suis supérieur à toi en rien. C'est ainsi que tu meures doucement, tandis que je t'observe et que je me délecte du repas que je vais faire de toi. Ainsi vas le monde selon nous deux : ce n'est même plus tuer ou être tuer, c'est manger ou être manger. »
Ce que le soldat voulait répondre au corbeau :
« Ce n'est plus de moi que tu parles mais de mes semblables qui ne le sont plus. Je suis une espèce particulière, de celle du soldat. Je brandis mon épée et je tue. Je brandis mon épée et je pare le coup qui devait me tuer. Puis je tue. Quand j'ai fini de tuer c'est que je suis mort. Je suis un héros, je me bats pour la patrie. Et je tue. Et je tue. Je ne suis pas une personne, je suis une machine, un outil de guerre. Je ne pense même plus à manger, je ne tue même pas pour me défendre. Je tue. Je tue. Et toi corbeau, est-tu là pour me manger ou pour me tuer. A moins que tu te délecte de me voir mourir. Et bien complais toi dans ma souffrance, si tu nous est si égal. »
Ce que chuchotent les vers au coeur de la Terre :
« Nous sommes les vers, nous sommes partout, au plus profond du sol, sous vos pas, sous votre toit, jusque dans vos maisons, nous sommes partout, partout nous régnons. Prédateurs suprême nous attendons toujours notre heure, mais chaque chose nous reviens à la fin. Coupez nous en deux : nous serons deux. Nous sommes issus du même oeuf, nous sommes composés de milliard d'individus, nous sommes partout nous sommes le Vers. Vous n'êtes même pas nos esclaves, vous êtes notre bétail. »
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